mardi 31 juillet 2007

Histoire d'un abécédaire


Il y a une vingtaine d'année, je tombe sur l'abécédaire signé Kate Greenaway, à réaliser au point compté : des lettres romaines agrémentées de petits personnages. Kate était une aquarelliste et une illustratrice de grand talent et cet abécédaire était particulièrement réussi. Je me procure le kit, et en avant pour un ouvrage de longue haleine. Il y a comme ça quelques travaux que j'ai menés de A à Z sans entreprendre autre chose, notamment la couture : tissu et patron achetés le vendredi soir, coupe le samedi matin, couture le samedi après-midi, pose de la doublure le dimanche et compliments de mes collègues le lundi. J'étais à l'époque facile à habiller.
Mais revenons à notre abécédaire. Je le termine, je l'encadre et l'offre à mes parents pour une fête quelconque. Le temps a passé, ma mère a déménagé plusieurs fois et ce tableau a toujours eu une place de choix chez elle. Récemment, elle se casse le col du fémur, accident ultra banal chez une personne de son âge, mais qui nécessite une rééducation qu'elle supporte avec grand courage. Depuis qu'elle est rentrée chez elle, le kiné vient à son domicile et ne cesse de s'extasier sur cet abécédaire. Et finit par demander si je pourrais lui en faire un ? Il me paierait, bien sûr. Ma mère transmet.
Pour faire plaisir à ce monsieur je réfléchis à sa demande et malgré que j'aie des projets personnels en grand nombre, je m'attelle à un devis. Je lui fais un prix d'ami, car c'est uniquement pour lui faire plaisir que je réaliserais cet ouvrage dans lequel il y a énormément de travail. La somme que je lui demande, hors fournitures ne me parait pas extravagante puisqu'elle met l'initiale à... 11 euros !
Pas de nouvelles. J'ai tout lieu de croire qu'il a reçu cette lettre, à laquelle il aurait pu avoir la politesse de répondre. Pensait-il que j'allais travailler pour rien ? Que mon temps ne vaut pas un clou ? Son silence m'arrange, dans la mesure où je vais pouvoir me consacrer à autre chose. Mais ces gens sont incroyables : ils n'ont aucune idée de la valeur d'un travail comme celui-là. Sans doute pensait-il s'en tirer pour 50 euros, peut-être moins...

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